 |
|
Marie-Antoinette

Auteur:
Stéfan Zweig
Maison d'édition:
LGF - Livre de Poche
Genre:
Littérature
Reader Rating:
4.5 (7 voix)
Lieu stockage:
Rés. ppale
Lu/non lu:
Lu
Résumé:
Zweig est sans doute un des biographes que j'admire le plus, son grand travail de recherche s'allie toujours à une analyse sérieuse des personnages choisis, tout dans sa plume transpire la sensibilité, le désir profond de compréhension de l'humain, de sa vie, son parcours, sa déchéance, sa réussite. La biographie de Marie-Antoinette n'est pas une exception et est une merveilleuse façon de se familiariser non seulement avec cette reine, mais avec son entourage et son temps. Le livre commence avec l'arrivée de Marie-Antoinette encore adolescente en France. Sa popularité est grande auprès du peuple français, qui met dans cette belle fille blonde des espoirs d'une royauté sereine et bénéfique, mais déjà des problèmes se font pressentir : le roi Louis XVI est un jeune homme silencieux, introverti et complexé car dû à un problème physique qui ne sera soigné que sept ans après son mariage, il ne peut pas faire l'amour à son épouse. Marie-Antoinette, fille vive et sensible aux jolies choses et au beau monde, frustrée par le manque et la déception, par les commérages de la cour qui vont bon train, se réfugie dans les mondanités et les grandes dépenses. Elle est une jeune femme délicate et intelligente qui ne prendra jamais le temps d'exploiter ses possibilités intellectuelles quand il le faudra, sauf quand il sera trop tard. C'est ainsi que Zweig, très influencé par les écrits de Freud, voit cette suzeraine, délicate, intelligente, belle et fidèle mais malheureusement faite à l'image de son temps, légère jusque dans la pensée, excessive jusque dans ses coiffures, roccoco à souhait. Elle dépensera une fortune dans l'aménagement du Trianon, son petit château meringué en dehors du grand palais de Versailles, elle couvrira ses courtisans les plus vils et les plus flatteurs d'or, se fera détester du peuple en l'ignorant totalement (la reine, légère et inconsciente, ne s'intéressera jamais aux petites gens de son pays ) et se fera prendre dans les filets d'une affaire sordide, la célèbre affaire du Collier, trop longue et compliquée pour la résumer ici, mais toujours est-il que c'est, selon Zweig, ce complot qui sera la goutte qui fera déborder le vase et mènera la reine et le roi à l'échaffaud. Il semble qu'à chaque opportunité de prendre un autre chemin, de renverser les choses en sa faveur, Marie-Antoinette, qui exerce un considérable pouvoir de persuasion sur l'ambivalent Louis XVI, à chaque occasion donc, Marie-Antoinette choisit la mauvaise voie, écoute ceux qu'elle ne devrait pas. On a envie de s'interposer, on est frustré par le manque de clairvoyance, de lucidité. L'arrestation du roi et sa famille, leur séjour forcé aux Tuileries, puis leur emprisonnement au Temple, la condamnation à mort du roi, le procès de la « veuve Capet » et la fin tragique de Marie-Antoinette, trahie par ses proches et la noblesse au sens large, on vit tout cela dans un suspens terrible avec Zweig, cette vie surpasse une vie de roman, et on se demande à quel point Zweig s'est laissé prendre à aimer Marie-Antoinette, à quel point il nous la rend plus sympathique qu'elle ne l'était, quelle part de roman il apporte dans son analyse du personnage vénal que l'on a étudié à l'école... Et pourtant, pour cette biographie, Zweig s'est appuyé essentiellement sur les archives de l'Empire autrichien et sur la correspondance du seul homme que Marie-Antoinette a aimé passionnément, le comte Axel de Fersen, homme noble et droit s'il en est un. Zweig fut le premier à avoir accès à cette correspondance entre la reine et son amant, correspondance cachée très longtemps par les descendants de Fersen. C'est surtout cette correspondance qui fera comprendre au lecteur l'analyse de Zweig, sa façon de voir la reine. Quand on ne s'en doute pas encore, la sensibilité que Zweig prête à la reine peut paraître exagérée, romancée. Apres lecture de certaines lettres envoyées par Marie-Antoinette au comte de Fersen, on se rend compte que l'exagération de Zweig est moindre, la souveraine déchue était une femme de la noblesse de son temps, fragile, belle, sensible, mais trop légère et trop longtemps inconsciente pour les changements qui guettaient la France. C'est une histoire tragique que nous rapporte Zweig, une vie d'excès dans l'opulence et d'excès dans l'horreur à la fin de tout... A lire... !
|
|